«Ce qui arrive est le fruit d’une évolution entamée trente ans plus tôt. Autrefois, les hommes étaient des prédateurs et les femmes des proies que la société devait protéger. Quand une femme tombait enceinte, l’homme devait réparer en l’épousant. Il était obligé de prendre ses responsabilités.

La mère possède son ventre : droit de vie ou de mort sur l’enfant

Les années 70 ont créé une rupture. La pilule a tout changé. Les hommes ont cessé de faire attention, tandis que les femmes ont lancé ce slogan qui me scandalise«Notre ventre nous appartient» , ce qui revient à dire qu’elles ont droit de vie et de mort sur leurs enfants. Donc elles se sont mises à procréer comme elles voulaient.

Quand la société patriarcale réglait les grossesses

Le bonheur était au coin de la rue. Pourtant, trente ans plus tard, j’entends beaucoup de femmes qui, lassées des hésitations des hommes, de leur pusillanimité (que réglaient autrefois la société, les parents, l’Eglise), s’affolant sous la pression de l’horloge biologique, font des enfants dans le dos des hommes.

Quand l’homme abandonne la paternité

Ici, cette femme et la société veulent obliger cet homme à être père. Comme on voulait jadis obliger les femmes à être mère. Il a perdu tous ses procès. Comme si la société disait désormais aux hommes ce qu’elle assénait jadis aux femmes : tu n’avais qu’à faire attention ! L’homme se comporte donc en femme: il se pose en victime. Il l’accuse, elle, de se comporter en prédatrice. Voilà ce qui arrive dans une société où l’homme a abandonné ses antiques responsabilités.»

GROS Marie-Joëlle

Un enfant, si je veux, quand je veux

« Nous, les femmes, avons refusé que l’on dispose de notre corps. Nous poursuivons quotidiennement la lutte, afin de préserver notre droit au choix. Et la loi nous accorde non seulement le droit de ne pas concevoir, mais également le droit d’interrompre notre grossesse, ainsi que le droit de ne pas devenir la mère de l’enfant dont on accouche.

Dans le cadre du respect de l’égalité des sexes, on peut s’interroger sur la légitimité de notre droit à disposer du corps des hommes : car en définitive, c’est exactement cela que l’on nous permet.

– Un enfant, si je veux, quand je veux –
Pour les hommes aussi, ce serait bien. » – Gaëlle-Marie Zimmermann, Journaliste et chroniqueuse au Nouvel Observateur