En pratique, la justice française, supposée laïque, athée, et maçonnique, impose par la force la reconnaissance de paternité obligatoire, sans aucun recours, que cela soit à l’encontre des intérêts du père, de la mère, ou de l’enfant : C’est la religion de la filiation paternelle (patriarcat) qui est ici défendue, sous prétexte du bien-être de l’enfant, et de l’égalité entre hommes et femmes. La reconnaissance de paternité obligatoire, prétendue naturelle, universelle, et nécessaire, est un dogme sectaire, sans fondements anthropologiques, qui est la base de la répression sexuelle : elle est l’unique origine de l’esclavage traditionnel des femmes, à travers le mariage, appelé patriarcat. Et c’est désormais au nom de ce même culte du père que la justice française veut désormais asservir les hommes. Le patriarcat n’est pas la domination de l’homme sur la femme, c’est la religion du Père. NB : en droit français, l’enfant naturel est celui conçu hors mariage, donc sans père légitime, puisque c’est le mariage qui définit la paternité (présomption) ; la famille naturelle est donc sans père ni mari, donc matriarcale.
Géniteur malgré lui, il réclame justice
Libération
4 JUILLET 2007 À 08:39 surUn homme peut-il attaquer en justice une femme qui a gardé un enfant dont il ne voulait pas? Et gagner? Cela aurait pu rester une banale histoire de drague. Benoît et Anne-Marie (1) se sont suffisamment plu pour coucher ensemble le soir de leur premier rendez-vous, fixé par petite annonce. C’est à peu près la seule chose sur laquelle ils sont d’accord. De cette union est né un enfant.
Le complot pour la paternité
Quinze ans après, ils se retrouvent devant la Cour de cassation. Benoît poursuit Anne-Marie pour «faute» et demande réparation. Lui affirme qu’il n’y eut qu’un soir. Elle parle d’une relation de plusieurs semaines qui s’est achevée brusquement: «Je lui ai dit que j’étais enceinte. Il a tourné les talons.» Anne-Marie ne prenait plus la pilule depuis qu’elle était séparée du père de sa petite fille: «Je ne pensais pas à ça», se justifie-t-elle aujourd’hui. Elle a reçu sa grossesse surprise comme «un don du ciel».
L’avocat condamné à être père, même sans test ADN
C’était en 1991. Aujourd’hui Benoît parle d’un«désastre». Il décrit une «ruse machiavélique». Il se sent «piégé»:«Il n’y avait aucun doute qu’elle utilisait un moyen de contraception.» Refus de test. En 1993, elle l’assigne en justice pour une reconnaissance en paternité: «Je ne voulais pas de nom, pas de pension, juste qu’il soit clair avec cet enfant.» Benoît, avocat, se soustrait au test et multiplie les procédures. Las, en 2000, la justice le reconnaît officiellement comme le père et le condamne à verser une pension alimentaire de 304 euros dont il s’acquitte chaque mois.
Le droit de disposer de ma vie familiale
Procédurier, Benoît ne s’est pas laissé faire. «Vous laissez votre sac ouvert dans un café et vous vous faites voler votre portable: ce n’est pas parce que vous êtes léger que l’autre est exonéré de sa responsabilité», argumente-t-il. J’ai le droit de disposer de ma vie familiale.» Y compris de ne pas en avoir.
La justice donne tort à la raison
Logique. C’est avec ce raisonnement que Benoît a attaqué pour faute. Selon lui, les femmes qui ont «le pouvoir exorbitant» de choisir si elles font des enfants (y compris dans le dos d’un homme) ont «une responsabilité accrue». Cette logique s’applique aussi dans le cadre d’une relation suivie «où une femme tromperait un homme naïf qui ne veut pas d’enfant», plaide-t-il. Jusqu’à présent, la justice lui a donné tort.
La morale puritaine de la responsabilité sexuelle
Le 21 mars 2006, la cour d’appel d’Orléans pose que «le simple fait de devenir père, même sans l’avoir recherché, ne saurait être considéré comme un fait dommageable». Elle pointe aussi les responsabilités du «monsieur»: «Tout homme qui accepte des rapports non protégés encourt [.] la possibilité d’une procréation.»Et le condamne à 10 000 euros de dommages et intérêts.
Une pension ne remplace pas un père
Depuis cette histoire, Benoît, déjà père de plusieurs enfants, s’est marié et a eu un garçon. A part sa femme, nul n’est au courant. Anne-Marie, elle, a dit à son fils:«Ton papa habite Paris mais il est souvent en voyage. Il est fâché contre moi.» La Cour de cassation doit se prononcer prochainement.
(1) Les prénoms ont été modifiés.
«Beaucoup de femmes affolées par leur horloge biologique»
Libération
4 JUILLET 2007 À 08:39 surProtéger les femmes de la sexualité hors mariage
«Ce qui arrive est le fruit d’une évolution entamée trente ans plus tôt. Autrefois, les hommes étaient des prédateurs et les femmes des proies que la société devait protéger. Quand une femme tombait enceinte, l’homme devait réparer en l’épousant. Il était obligé de prendre ses responsabilités.
La mère possède son ventre : droit de vie ou de mort sur l’enfant
Les années 70 ont créé une rupture. La pilule a tout changé. Les hommes ont cessé de faire attention, tandis que les femmes ont lancé ce slogan qui me scandalise: «Notre ventre nous appartient» , ce qui revient à dire qu’elles ont droit de vie et de mort sur leurs enfants. Donc elles se sont mises à procréer comme elles voulaient.
Quand la société patriarcale réglait les grossesses
Le bonheur était au coin de la rue. Pourtant, trente ans plus tard, j’entends beaucoup de femmes qui, lassées des hésitations des hommes, de leur pusillanimité (que réglaient autrefois la société, les parents, l’Eglise), s’affolant sous la pression de l’horloge biologique, font des enfants dans le dos des hommes.
Quand l’homme abandonne la paternité
Ici, cette femme et la société veulent obliger cet homme à être père. Comme on voulait jadis obliger les femmes à être mère. Il a perdu tous ses procès. Comme si la société disait désormais aux hommes ce qu’elle assénait jadis aux femmes : tu n’avais qu’à faire attention ! L’homme se comporte donc en femme: il se pose en victime. Il l’accuse, elle, de se comporter en prédatrice. Voilà ce qui arrive dans une société où l’homme a abandonné ses antiques responsabilités.»
Un enfant, si je veux, quand je veux
« Nous, les femmes, avons refusé que l’on dispose de notre corps. Nous poursuivons quotidiennement la lutte, afin de préserver notre droit au choix. Et la loi nous accorde non seulement le droit de ne pas concevoir, mais également le droit d’interrompre notre grossesse, ainsi que le droit de ne pas devenir la mère de l’enfant dont on accouche.
Dans le cadre du respect de l’égalité des sexes, on peut s’interroger sur la légitimité de notre droit à disposer du corps des hommes : car en définitive, c’est exactement cela que l’on nous permet.
– Un enfant, si je veux, quand je veux –
Pour les hommes aussi, ce serait bien. » – Gaëlle-Marie Zimmermann, Journaliste et chroniqueuse au Nouvel Observateur