Lire Matriarcat minoen (Crète) : une société parfaite à l’origine de la civilisation européenne
Le mystérieux disque de Phaistos enfin déchiffré ?
Par Bernadette Arnaud, publié le 30-11-2014 sur Sciences et Avenir
Les inscriptions sur le disque crétois, qui résistent à tout décryptage depuis un siècle, reproduiraient une prière destinée à la divinité principale de la civilisation minoenne.
241 caractères énigmatiques
Cela fait donc plus d’un siècle que des légions de spécialistes se cassent les dents sur la signification des énigmatiques symboles vieux d’au moins 3700 ans qui en estampillent les deux faces. Plus exactement, les 241 caractères répartis en spirale, à partir de 45 signes différents.
Une prière à la Déesse-Mère
Lors d’une conférence donnée fin octobre, Gareth Owens, chercheur en linguistique à l’Institut d’enseignement technologique (TEI) de Crète, et John Coleman, professeur de phonétique à Oxford (Royaume-Uni), ont annoncé que le disque reproduisait une prière destinée à la déesse mère, divinité principale du panthéon de la civilisation minoenne, la plus importante de l’âge du bronze du monde grec (2700-1200 avant J.-C.). Ils auraient ainsi identifié à plusieurs reprises le substantif « mère » sur les deux côtés.
La femme enceinte, une grande dame d’importance
Pour en arriver à une telle conclusion, Gareth Owens a passé six ans à étudier et déchiffrer le sens de lecture des 241 signes de la séquence dont 45 différents. Il explique au journal Archaeology News Network :
« Le mot et valeur la plus stable est ‘mère’, et en particulier la déesse mère de l’ère minoenne ».
En identifiant des groupes de symboles spécifiques, le chercheur aurait réussi à déchiffrer la dénomination « grande dame d’importance » sur une partie du disque et « femme enceinte » sur l’autre. Ainsi, un côté serait dédié à la femme enceinte et l’autre à la femme qui accouche. Selon Gareth Owens, environ 90% d’une face du disque pourrait désormais être déchiffré.
Du minoen matricien au mycénien patricien
Pour parvenir à ces résultats, les deux chercheurs auraient procédé par analogies en s’appuyant sur des études épigraphiques consacrées aux écritures crétoises anciennes, le linéaire A des Minoens (apparu vers 1800 avant J.-C.) et le linéaire B des Mycéniens (1375 avant J.-C.), déchiffré en 1952 par le Britannique Michael Ventris.
Enfin des preuves
« En comparant des signes hiéroglyphiques crétois découverts sur des sceaux ou sur les doubles haches d’Arkalochori (IIe millénaire avant J.-C.), mis au jour en 1934, avec ceux du linéaire A, puis du linéaire B, nous sommes parvenus à “lire” I-QE-KU-RJA à trois reprises », affirme Gareth Owens.
Ce qui se traduirait par « femme, ou déesse, enceinte », I-QE, pouvant selon eux signifier « mère » ou « déesse ». « Nous savons que la religion minoenne comportait un culte de la déesse-mère, mais encore fallait-il le retrouver dans les textes », ajoute-t-il.