Alexandra Kollontaï (URSS) : anti mariage et anti fidélité, contre le féminisme égalitariste bourgeois

AlexandraKollontai.jpgAlexandra Mikhaïlovna Kollontaï (en russe : Александра Михайловна Коллонтай), née en 1872 à Saint-Pétersbourg et morte le 9 mars 1952 à Moscou, est une femme politique communiste et féministe russe puis soviétique. Elle est la première femme de l’Histoire contemporaine à avoir été membre d’un gouvernement et ambassadrice dans un pays étranger (1923 en Norvège, 1930 en Suède). Des hommes politiques finlandais proposeront sa candidature pour le Prix Nobel de la paix, en 1946.

Refusant un mariage forcé, puis lassée de la vie de couple

Après avoir refusé, à l’âge de 17 ans, un mariage arrangé, elle épouse à l’âge de 20 ans un jeune officier dont elle est éprise, qui lui donnera un enfant et son nom en 1893. En 1896, lassée de la vie de couple, elle rompt avec son milieu d’origine et part étudier l’économie politique à l’Université de Zurich, où elle devient progressivement marxiste.

Marxisme et révolution sexuelle

Alexandra Kollontaï considérait que  » la séparation de la cuisine et du mariage «  était un enjeu comparable à celui que constituait la séparation de l’Église et de l’État. Prônant l’ » amour-jeu «  ou l’ » amour érotique «  contre la morale sexuelle et l’institution familiale, ses textes forment une réflexion passionnée et passionnante sur l’amour lui-même. À la lecture de ces textes, le lecteur comprend alors les controverses passionnées que ses écrits suscitèrent à l’intérieur de son propre parti et l’hostilité du puritanisme stalinien dont elle fut victime.

L’imposture du féminisme égalitariste bourgeois

Comme beaucoup de socialistes ou de communistes, Alexandra Kollontaï condamne le féminisme, le considérant comme « individualiste » et « bourgeois », puisqu’il détourne la lutte des classes en affirmant qu’il n’y a pas qu’une domination économique, mais aussi une domination des genres. Mais elle vise cependant à l’émancipation de la femme dans le combat communiste ; elle déclare ainsi : « La dictature du prolétariat ne peut être réalisée et maintenue qu’avec la participation énergique et active des travailleuses. » Stigmatisant les revendications égalitaristes de certaines féministes, elle affirme ainsi respecter la spécificité biologique des femmes. Alexandra Kollontaï met ainsi l’accent sur la nécessaire adaptation du droit du travail pour les femmes et aux mesures de protections légales des mères. Dans ce sens là, son amie Clara Zetkin prend la tête de l’Internationale socialiste des femmes, et parvient à imposer le principe du refus de toute alliance avec le « féminisme bourgeois » et réformiste.

La captivité amoureuse : mariage et fidélité sont appelés à disparaître

Elle sera au cœur de nombreuses polémiques sur la place des femmes dans la société soviétique. En effet, elle pose la question de ce que sera la famille une fois que celle-ci ne reposera plus sur les liens économiques. Elle estime que le mariage et la fidélité sont appelés à disparaître et veut éviter ce qu’elle appelle la « captivité amoureuse », qui crée la jalousie pour atteindre une « monogamie successive ». Les liaisons hommes-femmes devront être axées autour d’une attirance sexuelle naturelle. Elle est critiquée par Lénine comme par Trotski, plus prudes, qui estiment le couple fidèle comme la forme naturelle de famille. Au courant de ses nombreuses liaisons amoureuses, Lénine qualifie la vision de Kollontaï de « décadente ». Les journaux de l’époque l’attaquent avec virulence en mettant l’accent sur sa vie sentimentale sulfureuse, n’hésitant pas à la surnommer : « la scandaleuse » ou « l’immorale ».

Mariage et prostitution sont les 2 faces de la médaille du monde bourgeois

« Le mariage représente l’un des côtés de la vie sexuelle du monde bourgeois, la prostitution en représente l’autre. Le premier est la face de la médaille, la seconde en est le revers. Quand l’homme ne trouve pas sa satisfaction dans le mariage, il a le plus souvent recours à la prostitution (…) qu’il s’agisse de ceux qui, de gré ou de force, vivent dans le célibat, ou de ceux auxquels le mariage ne donne pas ce qu’ils en attendaient, les circonstances leur sont infiniment plus favorables pour les aider à satisfaire leur instinct sexuel que pour les femmes. »Alexandra Kollontaï – Les problèmes de la prostitution (PDF).

L’émancipation des femmes en URSS

L’action d’Alexandra Kollontaï, en tant que commissaire du peuple, et de ses consœurs leur permet d’obtenir le droit de vote et d’être élues, le droit au divorce par consentement mutuel, l’accès à l’éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l’égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l’avortement est obtenu en 1920 — il sera supprimé en 1936 par Staline, puis à nouveau autorisé après la mort de ce dernier.
%d blogueurs aiment cette page :