Le Dahomey (Danhomé en langue fon) était un royaume patriarcal africain situé au sud-est de l’actuel Bénin depuis le XVIIe siècle. À partir de 1894, ce nom désigne un territoire de l’Empire colonial français, devenu le Bénin en 1975. Le royaume du Dahomey, bien que foncièrement patriarcal, a conservé quelques vestiges de l’ancien matriarcat. Au Dahomey, les femmes étaient libres de pratiquer les métiers des hommes, elles prenaient part au gouvernement et étaient associées à l’armée. Cependant, une fois mariées elles devenaient la propriété du mari qui les achetait.
Le roi-dieu, lion d’Abomey, et cousin du Léopard
Une des principales caractéristiques du régime du Dahomey est son despotisme qui y règne, comparable à celui des Ashanti; le roi et les grands ont soigneusement appuyé leur pouvoir sur des cérémonies religieuses. Le roi « lion d’Abomey », « cousin du Léopard » est considéré comme un dieu; son pouvoir est illimité, il dispose de la vie et des biens de ses sujets; il hérite des morts. La coutume avait disparu au XIXe siècle, mais auparavant, il prenait ses repas en secret, étant censé ne boire ni manger comme les simples mortels; de même il écoutait les suppliques derrière un rideau qui le dérobait à la vue de ses sujets. Ajoutons que, selon la tradition il régnait dans les broussailles un roi fantôme au nom duquel avaient lieu la levée des impôts et les vexations de toutes sortes : tout ce dont on pouvait se plaindre était attribué à ce roi fictif, et tout ce dont il fallait se réjouir les largesses et les bienfaits était attribué au roi réel.
Tassin Hangbe, la choquante reine libertine
Elle était surnommée « la reine sans pudeur ». Cette femme régna sur le trône d’Abomey, capitale du Dahomey, pendant une courte période au début du XVIIIe siècle. Tassin Hangbe était la sœur jumelle du prince Akaba, l’héritier de Houegbadji, souverain d’Abomey de 1650 à 1680. Quand Akaba prit le pouvoir à la mort de leur père, la princesse partageait la souveraineté avec son frère jumeau, sans toute fois exercer quelque fonction politique.
Sacrée reine à la mort de son frère
Une amazone hors paire, qui attise les jalousies
Une liberté sexuelle qui attise complot et meurtre
Les amazones du Dahomey, un semblant de matriarcat
Les Amazones du Dahomey ou Mino sont un ancien régiment militaire entièrement féminin Fon du Royaume du Dahomey (maintenantBénin) qui a existé jusqu’à la fin du xixe siècle. Elles sont nommées ainsi par les occidentaux et les historiens à cause de leur similarité avec les semi-mythiques Amazones de l’ancienne Anatolie.
Les femmes, esclaves du roi
Le roi possède une armée de femmes que la reine (dada) commande avec droit de vie et de mort. Dans le harem, la gardienne du brasier où le roi allume sa pipe, et la favorite qui tient le crachoir sont des dignitaires du royaume. Les autres épouses sont des esclaves qui s’occupent du ménage et de la cuisine. En outre, quelques centaines de femmes installées dans le palais composent la garde royale : ce sont des amazones vierges gardées par des eunuques. Elles déclarent se consacrer au métier d’homme et de soldat. Leurs formes presque masculines, leur courage, leur cruauté en font d’excellents soldats. Elles exécutent avec une infatigable précision des danses de guerre.
L’existence de femmes-soldats est attestée dès le XVIIIème siècle dans cette région. Mais les rois du Dahomey ne donnent véritablement une impulsion à cette institution qu’à partir du milieu du XIXème siècle. Ainsi, au moment de la résistance contre les Français (début 1890), le système des « Amazones » est-il à son apogée et l’estimation de ces troupes varie-t-elle selon les observateurs entre 800 et 2 000.
Le roi Houegbadja (qui gouverne de 1645 à 1685), troisième roi du Dahomey, est censé être à l’origine de la création du groupe qui devient ensuite les Amazones, un corps de chasseurs d’éléphant appelé gbeto. Durant le VIIIe siècle, le roi entraîne certaines des ses femmes à devenir gardes du corps.
Le fils d’Houegbadja, Agadja (roi de 1708 à 1732), développe le groupe de femmes gardes du corps en une milice et les utilise avec succès pour vaincre le royaume de Savi en 1727. Les marchands européens notent leur présence ainsi que celle d’autres femmes guerrières parmi les Ashantis. Durant les années suivantes, les guerrières acquièrent une réputation de combattantes sans peur. Bien qu’elles combattent rarement, elles se débrouillent en principe assez bien au combat.
Le groupe de femmes guerrières est appelé Mino, ce qui signifie « nos mères » en langue fon, par l’armée masculine du Dahomey. À l’époque du roi Ghezo (qui gouverne de 1818 à 1858), le Dahomey se militarise de plus en plus. Ghezo donne une grande importance à l’armée, augmente son budget et améliore sa structure. Les Mino sont entraînées, obtiennent des uniformes et sont équipées avec des fusils danois (obtenus via le commerce des esclaves). À ce moment les Mino sont entre 4 000 et 6 000 femmes et représentent environ le tiers de l’armée du Dahomey.
Les « Amazones » du Roi Béhanzin, des femmes guerrières connues pour se battre avec violence et énergie, n’ont absolument pas peur de la mort, et tuer ne leur fait pas froid aux yeux. En général, elles combattent au devant de l’armée car elles sont sans pitié face à leurs ennemis et très résistantes au combat. Seh-Dong-Hong-Beh est une femme au courage exceptionnel qui avait dirigé une amée de 6000 Amazones vers 1852.
Un entraînement spartiate
Les Amazones du Dahomey sont minutieusement sélectionnées à l’adolescence, et toute leur vie elles s’exercent au métier des armes. Leur entraînement quotidien est très pénible. Elles apprennent à manier les armes et sont conditionnées psychologiquement et religieusement à l’obéissance et à la vénération du Roi. Elles sont vierges et doivent éliminer toute possibilité de fonder une famille, elles sont donc condamnées au célibat.
Les Mino sont recrutées parmi les ahosi (« les femmes du roi »), qui étaient souvent plusieurs centaines. Certaines femmes de la société fon deviennent ahosi volontairement alors que d’autres sont enrôlées de force si leur mari ou leur père se plaignent au roi de leur comportement. Tant qu’elles sont mino, les femmes ne sont pas autorisées à avoir des enfants ou à être mariées. Beaucoup d’entre elles sont vierges. Le régiment a un statut semi-sacré qui est fortement lié à la croyance du peuple fon au vaudou. Les mino s’entraînent énormément physiquement ; la discipline est mise en avant. Dans la dernière période, elles sont armées avec des fusils Winchester, des gourdins et des couteaux. Les unités sont commandées par des femmes. Les personnes capturées par les Amazones sont souvent décapitées.
Une armée féminine structurée
L’organisation de l’armée des amazones du Dahomey est répartie en 5 spécialités dont 3 infanteries :
les fusillères qu’on appelle « les Gulonento »; elles portent une cartouchière à compartiments. Leur poudre est soigneusement conservée dans des feuilles de bananiers ainsi qu’un sabre court .
- le archères ou « les Gohento » (on en trouve de moins à moins depuis l’existence des armes à feu); elles restent néanmoins présentes et servent d’auxiliaires et de « porteuses » pendant les combats.
- les faucheuses appelées « les Nyekplohento » armées d’une énorme lame de 45 cm au bout d’un manche de 60 cm
- les artilleuses
- l’Elite, les chasseresses qui sont sélectionnées pour leur force physique et leur stature. Leur prestige est grand et leurs officiers portent sur le crâne des cornes d’antilope attachées par un cercle de fer.
Conflit avec la France
L’envahissement de l’Afrique de l’Ouest par les Européens s’accélère dans la seconde moitié du XIXe siècle et en 1890 le roi Behanzin commence à combattre les forces françaises au cours de la Première Guerre du Dahomey. Selon Holmes, beaucoup de soldats français hésitent avant de tirer ou de charger à la baïonette les mino. Cette hésitation provoque la mort de nombreux soldats français. Cependant, selon certaines sources, l’armée française perd plusieurs batailles non à cause de ces hésitations mais bien à cause des compétences militaires des mino. Les Français sont véritablement surpris par leur courage car elles n’hésitent pas à brandir des têtes de leurs ennemis qu’elles ont sauvagement décapités pour les déstabiliser; et quand elles parviennent à les confronter physiquement, elles sont souvent gagnantes.
Tandis que les Français instaurent une certaine distance avec leurs armes à feu et leurs baïonnettes, elles cherchent à trouver le moyen de créer un affrontement physique. Dans un cas de force majeure comme celui-ci, les Amazones utilisent la technique dans laquelle elles excellent: la technique du corps à corps. Elles attaquent par des roulés-boulés afin de passer sous la haie de baïonnettes et de s’immiscer dans les rangs ennemis. Leur audace étonne et, en cas de réussite, elles ont souvent le dessus. Envoyées en véritables commandos dès les premiers accrochages avec les Français, elles bénéficient de l’effet de surprise lors des premiers assaut de postes de garde et elles rapportent au roi quelques têtes de tirailleurs sénégalais sauvagement décapités. Mais rapidement, malgré leur nombre, leur impétuosité et leur détermination, elles subissent de lourdes pertes.
Finalement, renforcée par la Légion étrangère et disposant de meilleures armes dont des mitrailleuses ainsi que d’une cavalerie et d’une infanterie de marine, les Français infligent du côté du Dahomey des pertes dix fois plus importantes que les leurs. Après plusieurs batailles, ils finissent par l’emporter. Les Légionnaires écrivent plus tard sur « l’incroyable courage et audace » des Amazones. La dernière Amazone du Dahomey meurt en 1979.