Au VIIe siècle, Dihya (en arabe : sage, stratège), ou la Kahina (prêtresse ou sorcière en arabe), est une reine guerrière berbère, qui unifia les tribus amazigh pour résister aux invasions islamiques. Elle gagna de nombreuses batailles et mis en échec les musulmans pendant cinq ans. Païenne, elle ne fut jamais mariée, eut des amants et des enfants hors mariage. Dihya, Tadmayt ou encore Tadmut pourrait signifier tout simplement « La belle gazelle ».
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Cette cheffe de guerre unifia les tribus berbères de l’Ifrikiya : de la Méditerranée au Sahara, de l’actuelle Tunisie jusqu’à l’actuelle Algérie. Cette unification n’a jamais eut d’équivalent jusqu’à aujourd’hui. En 697, elle écrase l’armée d’Ibn en Nu’man près de l’Oued Nini, à 16 km d’Aïn al Bayda (est de l’Algérie). Les troupes imazighen font tant de victimes que les musulmans appelèrent le lieu « Nahr Al Bala », ce qui se traduit par « la rivière des souffrances ».
»Cinq ans pendant lesquels la Kahina règne sur toute la région. Elle administre, elle juge, elle protège. Les guerriers et les chefs de tribus reconnaissent ses qualités de stratège. Ils font allégeance à cette femme immensément belle dont le regard fascine, cette cavalière Amazigh (Amazone?) hors pair qui combat au milieu des siens, les armes à la main. » – Gisèle Halimi
Connue pour sa grande générosité, elle a libéré tous ses prisonniers arabes, sauf un, Yésid ou Khaled. Elle adopta ce dernier en faisant le signe de l’allaitement, selon l’ancien rite matriarcal berbère. Il devient certainement son esclave, mais aussi son amant, et ils tombent amoureux l’un de l’autre. Vaincue et traquée, elle se réfugie avec ses partisans dans l’arène Romaine d’El Jem (dans l’actuelle Tunisie), et y résista durant quatre ans. Selon la légende, elle fut trahie par son jeune amant arabe qui la poignarda et envoya sa tête embaumée au chef des armées ennemies.
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Contre la marchandisation des femmes
« Ils s’étonnent de vous voir dirigés par une femme. C’est qu’ils sont des marchands d’esclaves. Ils voilent leurs femmes pour mieux les vendre. Pour eux, la plus belle fille n’est que marchandise. Il ne faut surtout pas qu’on la voie de trop près. Ils l’enveloppent, la dissimulent comme un trésor volé. Il ne faut surtout pas qu’elle parle, qu’on l’écoute. Une femme libre les scandalise, pour eux je suis le diable. Ils ne peuvent pas comprendre, aveuglés par leur religion. » – propos allégués à la Kahina