Matriarcat Himba (bantous héréros): les femmes rouges de Namibie – la norme de l’adultère

Les Himbas sont une ethnie bantoue de Namibie apparentée aux Héréros vivant principalement dans le Kaokoveld (la forêt de Kaoko). Quelque 10 000 Himbas vivent sur les 30 000 km² du Kaokoland en Namibie ; environ 3 000 autres habitent sur la rive angolaise du fleuve Cunene qui fait office de frontière entre les deux pays sur près de 200 km.

Une société bilinéaire

Pour le peuple Himba, qui est une société matriarcale, les femmes transmettent les droits de propriété et d’héritage. Propriétaires du troupeau, les femmes jouent un rôle essentiel dans la société. Leur structure sociale s’organise autour d’une double appartenance à deux clans : l’un patrilinéaire et l’autre matrilinéaire. Selon la croyance, chaque individu hérite son sang de sa mère, tandis qu’il reçoit ses caractéristiques spirituelles de son père. Il en résulte en pratique que les droits de propriété, d’héritage et par extension, l’exercice du pouvoir économique sont régis par des règles matrilinéaires alors que les pouvoirs spirituels et politiques se transmettent de père en fils.

Parures et couleurs

Traditionnellement les Himbas se teignent la peau en rouge avec une pommade réalisée à base de graisse animale, de cendre et de poudre d’hématite. Cet onguent leur permet de se protéger de l’ardeur du soleil, de la sécheresse de l’air, des insectes. Les femmes coiffent avec soin leur chevelure ; la forme des tresses, et leurs accessoires donnent des informations sur leur situation (mariée, en âge de l’être…). Après leur mariage, elles tressent leurs cheveux et adoptent le port d’un petit chapeau en peau de chèvre appelé « errembe ». Elles portent des bracelets de cuivre, des colliers et l’ « ohumba », un coquillage blanc, symbole de fertilité.

Une religion résistante

Les Himbas ont accepté de vivre sur un territoire dont personne ne voulait, le désert du Kaokoland. Les missionnaires ne sont jamais parvenus à convaincre les femmes Himbas de couvrir leur poitrine ; de plus, tous sont restés fidèles aux traditions animistes. Leurs croyances se caractérisent par le culte des ancêtres, qui, considérés comme toujours vivants mais sous une autre forme, continuent à s’intéresser aux affaires des mortels et servent de messagers entre leurs descendants et les dieux.

L’organisation clanique

L’originalité du système Himba, et plus largement Héréro, consiste en une double organisation sociale maternelle et paternelle : celle de l’eanda de caractère matrilinéaire et celle de l’oruzo de caractère patrilinéaire. L’appartenance à un clan matrilinéaire est un élément fondamental de la structure sociale. En effet les relations familiales entre individus sont déterminés par des liens de parenté utérine. Or le matriclan détient la propirété et le contrôle des éléments de production, c’est à dire le troupeau. Dans une société pastorale, l’exercice de cette fonction est donc de toute première importance.

1/ Les clans matrilinéaire

Chez les Himbas, il existe sept clans matrilinéaires. Toutefois la plupart de ces clans se retrouvent sur un espace géographique assez vaste, allant des Héréros du Botswana aux Kuvale d’Angola. les clans ont une origine mythique, et il est intéressant de noter que tous les protagonistes des légendes sont des femmes et symbolisent ainsi l’ordre et la descendance féminine.

L’ensemble de ces clans à une génitrice commune dont le nom est inconnue. Ce sont ses filles et petites-filles qui ont donné un nom aux clans. Ce nom est l’évocation symbolique d’une action commise par la génitrice du clan. Il représente souvent un élément naturel, le soleil, l’eau (importante dans cette région elle donne naissance à 2 clans : la pluie et la source) ou alors un élément précis du cadre de vie qui devient objet fondamental de pratiques cultuelles.

L’organisation politique

2/ Les clans patrilinéaire

Les clans tant matrilinéaires que patrilinéaires sont un élément fondamental qui assure au groupe sa cohésion sociale et religieuse et détermine la répartition des pouvoirs économiques et politiques. Selon la croyance générale, un individu hérite son sang de sa mère tandis qu’il reçoit les attributs spirituels de son père. Cette croyance définit les fonctions respectives des matriclans et patriclans. Les droits de propriété, d’héritage et l’exercice du pouvoir économique sont régis selon des règles matrilinéaires alors que les pouvoirs spirituels et politiques se transmettent de façon patrilinéaire. Nous verrons en étudiants les différents rites qu’au moment du mariage la femme adopte l’oruzo de son mari et va vivre dans le kraal de son époux (kraal désigne l’enclos central pour le bétail mais par extension s’applique à l’ensemble du village). En conséquence les villages présentent une homogénéité de personnes appartenant au même matriclan. Au contraire les membres d’un même matriclan sont géographiquement dispersés. Cette double organisation clanique interdit ainsi toute concentration du pouvoir et n’autorise aucun centralisme politique. Aucun clan n’a une quelquonque prééminence en quelques matière que ce soit. La structure globale des clans se répercute sur la vie quotidienne des Himbas, et se subdivise à l’échelle du village en lignées.

La lignée qui existe au niveau matrilinéaire et patrilinéaire, est en fait l’unité de fonctionnement d’une « famille » et prend en compte cinq générations. Les membres de la génération 1 et 2, c’est à dire les plus anciens, sont décédés mais toujours considérés comme partie intégrante du groupe. Ces deux ancêtres servent à déterminer un représentant par lignée. Ce représentant sera, dans la lignée matrilinéaires selon les règles de parenté utérine, l’héritier des biens de production. Dans la lignée patrilinéaire selon un système de descendance de père en fils, il sera le détenteur des fonctions religieuses. Le chef d’une lignée et en faite le chef d’une grande famille et par conséauent leur nombre est très importants. Cette multiplicité implique en cas de conflits, sur un partage, une utilisation du patrimoine ou un différent religieux, une incapacité à résoudre les problèmes.

3/ Les chefs de tribus

Aussi les Himbas ont crée un « chef » des représentants des lignées, une forme d’autorité supérieure vers laquelle ils peuvent se tourner, les headmen ou chefs de tribu. Il existe un certain nombre de chefs de tribu égaux entre eux. Ils sont responsables d’un secteur géographique dans lequel ils interviennent pour régler les différends. Ils constituent une sorte de superstructure des matriclans, son appellation peut se traduire littéralement par « l’organisateur des liens matrilinéaires ». Ces chefs de tribu sont désignés par l’ensemble du peuple Himba et cette fonction n’est pas héréditaire. Elle ne peut pas l’être du fait du système de double descendance qui implique qu’une personne à deux héritiers principaux. Le chef de tribus se retrouve globalement dépositaire de la tradition et garant des coutumes et croyances Himbas. Il a ainsi autorité spirituelle pour résoudre les problèmes locaux. Par contre la mise en place d’une administration ethnique selon le principe des homeland tend à vouloir faire évoluer cette autorité vers un cadre qui n’est pas le sien. Le chef, et à l’échelon du village, le chef de lignée patrilinéaire, détient les fonctions religieuses. Il est en quelque sorte l’officiant, il occupe la case principale, est responsable du feu sacré et du culte des ancêtres et doit gérer le bétail sacré.

La norme des enfants adultérins

C’est là, au pied d’acacias centenaires, que l’anthropologue Brooke Scelza s’est entretenue avec les femmes mariées de la tribu Himba. Quand leurs maris sont absents pour s’occuper des troupeaux, l’adultère féminin est chose courante dans les villages. Sur les 110 femmes interrogées, plus d’un tiers explique avoir eu une aventure extraconjugale s’étant soldée par la naissance d’au moins un enfant. Et parce que la société himba ne stigmatise pas spécialement ce genre de liaisons, hommes comme femmes en parlent librement (le divorce peut aussi être décidé par l’une ou l’autre des parties). Par conséquent, selon l’analyse de Scelza, publiée en 2011 dans la revue Biology Letters, «les femmes comptant, a minima, une naissance issue d’une liaison hors-mariage ont un succès reproductif significativement plus élevé que celles qui n’en comptent aucune».

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