Matriarcat Wayuu (Venezuela, Colombie) : les mères garantes de l’écologie, les oncles garants de la justice tribale

Une ethnie indienne majoritaire

La Péninsule de la Guajira, à cheval entre la Colombie et le Venezuela, au climat semi désertique, est la région habitée par la grande Nation Wayuu, qui représente la population indigène la plus nombreuse dans les deux pays . Selon le recensement de 2002 Il y avait 238 000 Wayuu à vivre au Venezuela et en 2005, 243 000 dans le département de la Guajira en Colombie, soit 8% de la population de l’État vénézuélien Zulia et 45% de la population du département colombien La Guajira, soit plus de 500 000 personnes. Selon les historiens, les ancêtres des Wayuu appartiennent, au groupe arawak et auraient entamés leur migration depuis l’Amazonie vers la péninsule de la Guajira il y a quatre ou cinq mille ans.

Une société clanique matrilinéaire, enracinée dans sa terre-mère

Woumain, la Terre est le qualificatif utilisé par les Wayuu pour signifier leur attachement au territoire hérité de leur ancêtres. Dans la société Wayuu, il n’existe pas de pouvoir central, la société s’organise en clan matrilinéaires ( matriarcal). Ainsi, la population ne s’établit pas dans des villages mais constitue des petites communautés au sein desquelles chaque habitant est lié aux autres par des liens de parenté. Les personnes unies par un lien de consanguinité maternel, partagent une condition sociale et un passé commun. Il existe alors des liens très forts de solidarité et de réciprocité entre les membres d’un clan. Le territoire d’un clan se détermine par l’existence d’un cimetière familial par lignée maternelle. Ainsi, pour beaucoup de Wayuu, le cimetière est la marque de propriété, demeure des ancêtres desquels ils ne doivent pas s’éloigner et maintenir le contact avec eux à travers des rêves.

L’oncle maternel reconnu par l’état

L’autorité au sein du clan est représentée par l’oncle maternel -alaüla-. Il possède l’autorité sur les autres membres, et les enfants n’héritent pas de leur père sinon de l’oncle maternel de leur clan. Dans la législation indigène Wayuu, reconnue par l’Etat Colombien, l’alaüla est considéré comme une entité de droit public, et l’un de ses devoirs est de maintenir la cohésion interne du groupe.

Les compétences Wayuu

D’autres personnalités comme le « Piachi », médecin traditionnel et le « Palabrero », le médiateur, sont quotidiennement sollicités. Lors d’un récent passage dans la capitale indigène d’Uribia, le ministre de la Justice a notamment souligné l’importance et l’exemplarité du rôle du palabrero dans le fonctionnement de la justice de la région. La « Partera » est l’accoucheuse Wayuu; en plus de savoir mettre au monde, il semblerait qu’elle ait de vastes connaissances en terme de suivi de grossesse, qui aurait surpris plusieurs praticiens modernes.

Une justice tribale exemplaire

La société Wayuu se structure à travers des clans matrilinéaires (Eiruküü), des autorités traditionnelles (Alaülayuu), des autorités spirituelles (Ouutsü) et des autorités morales (Pütchipü’üi). Dans le clan, la fonction de Pütchipü’üi (ou palabrero) est exercée par l’oncle maternel. Elle consiste à rendre la justice communautaire devant une assemblée ouverte. Ce système original est précisément celui qui a été distingué par l’UNESCO pour faire partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Les femmes gardiennes des sources

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