Démocratie confédérale Nuer (Soudan) : une anarchie ordonnée, et sans quête du pouvoir

Guerriers NuersLes Nuer (ou Nouers ou Naath) sont l’un des grands peuples du Soudan du Sud et de l’Ouest de l’Éthiopie. La structure politique des Nuer a fait l’objet d’une étude par l’ethnologue britannique Evans-Pritchard dans les années 1930 qui a été commanditée par le gouvernement du Soudan anglo-égyptien alors en difficulté avec ce peuple sans chef et sans hiérarchie.

Un peuple sans chef et sans hiérarchie

Evans-Pritchard décrit cette société comme une « anarchie ordonnée » (une « société sans État »). Les individus ne sont pas soumis à un pouvoir et ne s’attachent pas à la conquête du pouvoir et vivent en bonne harmonie sociale au sein de leur village. Leur structure politique s’exprime en langage lignagé : c’est le système des lignages qui joue le rôle de structure politique.

Une société segmentaire pacifique

Les Nuer forment un peuple unique et homogène vis-à-vis des étrangers, mais ils sont composés de différentes tribus (Lou, Jirany, Gaawar, Lak, Thiang…), segmentées en sections. L’unité de base est le village. Au sein d’un village ou entre deux villages nuer proches géographiquement, le règlement des conflits se fait d’une manière plutôt pacifique, même quand il s’agit de crime de sang, par l’entremise rituelle d’un « chef à peau de léopard » qui recherche l’apaisement et la négociation (par une compensation, généralement en bétail) et dont c’est l’unique fonction. Ce chef n’a aucun pouvoir judiciaire et ne jouit pas forcément d’un prestige particulier. Les Nuer étant particulièrement fiers, « le chef à peau de léopard » permet aux parties adverses d’accepter un arrangement sans perdre la face, pour éviter la vendetta. Les Nuers attachent une grande importance au courage et à la vaillance au combat. C’est la force physique de l’adversaire, force dissuasive, qui permet au sein du village d’accepter la médiation rituelle du « chef à peau de léopard ».

De l’adoption des prisonniers

La guerre entre tribus, la vendetta au sein d’une même section, la guerre contre les autres peuples et les razzias contre les Dinka, sont institutionnelles. Cependant, il est à noter que les prisonniers Dinka s’intègrent à la communauté et au lignage de celui à qui revient le prisonnier. Les jeunes Dinka sont adoptés, deviennent « fils » et « frères ».

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