Matriarcat minoen (Crète) : une société parfaite de la Déesse à l’origine de la civilisation européenne

La première civilisation lettrée d’Europe

Les minoens sont la première civilisation européenne (3000 av – JC). Leur civilisation s’est épanouie essentiellement sur les îles de Crète et de Santorin dans la mer Égée. Leur écriture n’a pas été déchiffrée à ce jour. Ils développèrent un urbanisme sophistiqué (palais de Cnossos…) et un commerce maritime international qui leur permirent d’échanger avec l’Égypte et tout le moyen-orient. Cette civilisation matriarcale finit écrasée par les envahisseurs patriarcaux mycéniens (aryens, ancêtres des grecs) vers 1200 av – JC.

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Un peuple matricien selon les romains

Plutarque nous apprend que les Crétois se servaient du mot matrie au lieu de celui de patrie. Ulpien, le jurisconsulte du IIIº siècle, donne encore au mot matrix le sens de métropole qui lui-même préserve le souvenir du temps où l’homme ne connaissait que la famille, le clan et le pays de la mère.

Un peuple sans père et sans guerre

Les minoens n’ont laissé presque aucune traces d’activités militaires : pas de fortifications, peu d’armes… Leur iconographie met la femme au premier plan, loin devant l’homme. Leur religion était basée sur la fertilité : pas de culte du couple, pas de scènes de violences, pas de représentations guerrières. Ils vénéraient la déesse-mère de la fertilité, et le taureau, incarnation de la puissance génitrice du père inconnu.

Quand Zeus n’avait pas de père

« Dans la civilisation de la Crète, la terre natale, au lieu d’être appelée « patrie », était nommée « Terre de la Mère » […]  Ici, Zeus (Testub) n’a pas de père, et sa mère est la matière humide terrestre : la « femme » est donc au principe de tout, et « le dieu » est quelque chose d’engendré. On montre sa tombe parce qu’il est mortel. En revanche est immortel le substrat féminin immuable de toute vie. […] Hérodote rappelle que les Lydiens, d’origine crétoise, « ne se distinguaient pas par le nom du père, mais par celui de la mère » ». Julius Evola, Révolte contre le monde moderne.

L’ensemble des récits de l’enfance de Zeus en Crète est révélateur de croyances et de pratiques fort anciennes établissant que les Minoens ont été attachés au culte d’un Dieu viril infiniment plus vieux que le Zeus hésiodique. Hésiode raconte comment Rhéa, pour sauver son fils, est conduite en Crète, où elle enfante Zeus qui est remis à Gaïa, la Terre-Mère, qui le cache dans une grotte, afin qu’il échappe à la folie meurtrière de son père Cronos. Cronos et Rhéa sont frère et sœur, époux et épouse, ce qui pourrait indiquer une organisation matriarcale : l’oncle maternel élève ses neveux sans en être le géniteur, celui restant inconnu, ou non reconnu.

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Une succession matrilinéaire de prêtresses raffinées

Il est généralement admis que le niveau de civilisation de Cnossos est extrêmement attractif. Les fresques et les faïences montrent une société pacifique, artiste et sophistiquée. Les femmes occupent une place de premier plan, librement parées pour les fêtes, elles participent aux exercices rituels, et ce sont elles qui fournissent la masse des prêtresses. Elles sont nombreuses à pratiquer un art et à le faire progresser. Et elles auraient joué un rôle primordial jusqu’à la transmission du pouvoir puisqu’il s’agissait d’une succession matrilinéaire – celui qui succède à un roi ne peut hériter de la couronne que par le biais des sœurs de ce roi…

La femme crétoise est émancipée

« L’emploi du mot « homme » pour désigner l’humanité dans son ensemble trahit l’influence de traditions patriarcales, mais dans la Crète antique la mère avait un rôle considérable. Loin de vivre recluse comme dans la plupart des pays d’Orient, elle ignore le harem et le purdah [obligation faite aux femmes de couvrir leur corps et de cacher leurs formes] et il ne semble pas qu’elle ait été confinée dans une partie déterminée de la maison […]

Elle circule au milieu de la société crétoise comme une grande dame très adulée, et le jour où la nation créera des divinités, elle les fera apparaître aussi bien sous les traits de déesses que sous des traits de dieux. » – Will Durant, La vie de la Grèce.

Un hommage à la Grande Déesse aux serpents

« La production artistique de la Crète minoenne (IIIe – IIe millénaire av. J.-C.) est un véritable hommage à la Grande Déesse, hommage plein d’une exubérance débridée. Les poteries et les fresques aux couleurs exquises dépeignent, dans un style plein d’élégance et de liberté, les pratiques cérémonielles d’alors, ainsi que les beautés merveilleuses de la nature. Elles expriment une joie inhérente au mystère même de l’existence, qui reflète sûrement cette relation harmonieuse à la vie dont les Crétois faisaient l’expérience jusque dans leurs activités quotidiennes. » Adele Getty, La Déesse, Mère de la Nature vivante.

Les serpents de la maison

Ces figurines ont été retrouvées dans des sanctuaires de maisons, en tant que « serpents de la maison », ce qui semble relié à des traditions du Paléolithique par rapport à la domesticité et aux femmes. Aussi, Evans fait un lien entre la déesse serpent et la déesse de la mythologie égyptienne, Wadjet.

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La maîtresse du foyer

Le nom de la déesse serpent en langue minoenne (en) peut être apparenté à A-sa-sa-ra, une traduction possible d’inscriptions en linéaire A. Palmer fait le lien entre l’inscription a-sa-sa-ra-me qui semble accompagner les figurines de déesse, avec le hittite išhaššara, « maîtresse ».

Artémis, la maîtresse des animaux

La civilisation minoenne avait une déesse que les grecs appelaient Potnia Theron, « la maîtresse des animaux », dont la plupart des attributs furent plus tard transférés à Artémis. Une divinité de type Artémis, une « maîtresse des animaux », est souvent supposée avoir existé dans la religion préhistorique, quelques savants posant une relation de principe entre Artémis et les déesses représentées dans l’art minoen : « Potnia Theron est devenu un terme générique pour tout femme associée avec les animaux ».

Quand le taureau n’était pas mis à mort

Le taureau a occupé une place centrale dans la religion de la civilisation minoenne pendant l’Âge du bronze en Crète. Comme souvent dans les civilisations autour de la Mer Méditerranée, le taureau a été en mythologie grecque un sujet de vénération. La représentation du taureau au palais de Cnossos est très répandue comme décoration. Les jeux de taureau avaient sans doute un caractère sacré. Selon Persson, ces jeux faisaient partie la fête du printemps. Dans les jeux de taureaux minoens, l’animal n’était pas abattu. des jeunes gens saisissaient l’animal par les cornes et effectuaient toute une variété de sauts périlleux au-dessus du dos de l’animal. L’origine de ce sort remonterait aux efforts pour capturer le taureau dans les montagnes de Crète, ceux qui prenaient part à ces jeux n’étaient pas armées. Il semble qu’il y ait eu des participants venus de Grèce continentale, ce qui donna peut-être naissance à la légende selon laquelle sept jeunes hommes et sept jeunes femmes étaient expédiés d’Attique pour être livrés au minotaure.

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Le minotaure : une diabolisation du père inconnu

C’est probablement ce qui a permis aux grecs patriciens de les caricaturer à travers la légende du minotaure. Puisque les enfants ne connaissent pas leur père, et que celui-ci est symbolisé par un taureau, c’est que les mères doivent s’accoupler avec des taureaux. Il serait donc logique qu’elles donnent naissance à des monstres mi-homme mi-bête. Le taureau symbolise donc le père inconnu, et le minotaure, l’enfant naturel, sans père reconnu, le bâtard illégitime. C’est le cas de Pasiphaé, épouse adultère du roi Minos, qui le trompa avec un taureau, et donna naissance au minotaure mangeur de chair humaine, enfermé dans le labyrinthe de Dédale, sous le palais de Cnossos.

Des divinités de la renaissance naturelle

La religion minoenne est tournée vers la nature et le culte de la végétation. Cela se remarque particulièrement au travers de dieux et de déesses qui meurent et renaissent chaque année, et par l’utilisation de symboles tels que le taureau, le serpent, les colombes, le lion, le pavot…

Un prototype christique ?

Les Minoens ont personnifié la végétation par un enfant divin ou un Jeune Dieu, qui meurt et ressuscite tous les ans. De même, la puissance créative de la nature prit les traits de la Grande Mère, qui apparait comme une femme portant son enfant dans les bras, et aussi comme l’amante du Jeune Dieu. L’union de la déesse et du dieu symbolise la fertilisation de la terre.

Survivances dans la religion olympienne

La religion minoenne, bien qu’elle disparaisse avec l’arrivée des Achéens puis des Doriens en Grèce puis en Crête a néanmoins laissé sa trace dans les mythes et le panthéon de la Grèce classique, comme Dictynna, déesse associée au mont Dicté, et Britomartis, la Douce Vierge, c’est-à-dire non mariée, probablement un qualificatif de la jeune déesse. Velchanos et Hyakinthos sont des noms du dieu mortel tandis qu’Ariane, bien qu’on ait supposé que son nom était indo-européen, est une déesse de la végétation qui meurt tous les ans.

Une déesse qui fuit le viol du mariage

Le culte de Britomartis serait d’origine minoenne. Son nom signifierait « douce vierge » en minoen et son culte persista bien après la période minoenne dans de nombreuses cités crétoises, comme à Dreros, où elle était célébrée sous le nom de Britomarpis, qui semble être la variante crétoise de son nom. De plus, dans la mythologie, elle est associée à Minos, à qui elle aurait échappé, refusant d’être mariée à lui, pour se cacher dans une caverne à Égine, où elle fut célébrer sous le nom d’Artémis au temple d’Aphaïa.

Le temple d’une déesse anti-mariage

Aphaia ou Aphéa (en grec ancien Αφαια / Aphaia) est une déesse préhellénique de la lumière. Aphaïa est identifiée à la nymphe crétoise Britomartis. Elle faisait partie de la suite de sa sœur Artémis qui veillait sur elle. Très belle, elle fut sans cesse poursuivie par les hommes. Minos la poursuivit d’abord de ses assiduités. Elle tenta de lui échapper en se jetant dans la mer, mais, elle fut recueillie dans les filets d’un pêcheur éginète. Ce dernier tomba amoureux d’elle à son tour. Britomartis en appela à sa demi-sœur et protectrice qui la fit disparaître : elle devint Aphaïa, l’« Invisible ». Le temple serait construit à l’endroit de sa disparition. Elle est la patronne de l’île d’Égine, où un temple lui est consacré, parmi les mieux conservés de toutes les îles grecques. Le temple d’Aphaïa est installé au sommet d’une colline où l’on rendait, à partir du XIIIe siècle avant notre ère, un culte à une divinité féminine, voire à une déesse-mère, comme l’indiquent les statuettes féminines mycéniennes trouvées sur place.

Une religion matriarcale néolithique

Les idoles apparaissent et se généralisent dès le néolithique. C’est à cette époque qu’apparaissent les figurines de femmes obèses nues. La nudité complète, l’indication occasionnelle des parties sexuelles, indiquent que ces idoles représentent une déesse de la fertilité. Une statuette masculine, découverte dans les couches néolithiques de Knossospar Arthur Evans, pourrait représenter le Jeune Dieu, ou simplement un adorant. Ces statuettes sont considérées comme objets de culte car elles ressemblent aux grandes idoles cycladiques, elles-mêmes objets de culte. Parfois considérées comme des amantes du mort, des exemples de ces déesses portant un enfant sur la tête, ou bien assises sur un trône, militent en faveur de la thèse des objets de culte. Étant donné que les statuettes féminines dominent en nombre, les archéologues ont supposé qu’elles représentaient la déesse-mère et constituaient des objets de culte d’une religion matriarcale.

La Grande déesse minoenne polymorphe

Evans estima qu’il n’était pas possible de dissocier les figurines féminines néolithiques de celles retrouvées aux époques suivantes dans les sanctuaires et autels et représentant ce qu’il considérait être la « Grande déesse minoenne ». Cette déesse-mère serait la plus ancienne conception de la divinité. La divinité féminine préhellénique prend des formes variées et nombreuses, et on ne sait pas avec exactitude si ces formes correspondent à des déesses différentes ou à des aspects divers d’une seule déesse. Elle est représentée au sommet d’une montagne parmi les lions lorsqu’elle symbolise la mère de la montagne ou la Maitresse des animaux, d’autres fois elle apparait comme une déesse à l’arbre, une déesse aux serpents, aux colombes ou aux pavots. Elle peut prendre une forme guerrière en portant épée et bouclier, elle peut être aussi déesse de la mer en voyageant sur un navire. Il existe des interprétations de ces images : on considère les serpents comme un symbole de l’aspect souterrain, ou comme la déesse elle-même sous sa forme animale ; les colombes seraient les emblèmes d’une déesse céleste, et les pavots les attributs d’une déesse mère qui endort les enfants.

La nature est un temple

Contrairement à ce qui pouvait être observé à la même période en Orient ou en Égypte, la Crète se distingue par l’absence de temples. Alors qu’à Sumer ou en Égypte, le culte était pratiqué dans des temples, habitations des Dieux et d’un clergé tout puissant, les Minoens célébraient le culte dans des sanctuaires naturels : des grottes, des sommets de montagnes et dans des petits sanctuaires domestiques. Durant la période prépalatiale, ces grottes devinrent (pas toutes) des lieux d’inhumation et au cours de la période protopalatiale, elles furent des lieux de culte de la déesse-mère mortelle minoenne dans des autels, des niches, creux et cavités. Les rites religieux étaient également célébrés dans des sanctuaires de sommet. De petites installations cultuelles apparaissent dès le minoen moyen I. Ces endroits éloignées étaient peut être considérés comme plus propices à l’apparition de la divinité. Ils étaient consacrés à l’adoration de la déesse-mère de la montagne ou des bêtes sauvages. La plupart de ces sanctuaires de sommet ont par la suite été convertis au Christianisme et accueilli par la suite des églises ou des monastères.

La déesse pré-aryenne des accouchements

Ilithyie était la déesse des accouchements. Homère, dans l’Odyssée, mentionne la grotte d’Ilithyie à Amnisos ce qui pourrait signifier que la déesse dérive d’une divinité et d’un culte minoen plus anciens. Cette grotte servit au culte, du néolithique à l’époque romaine. Le culte de cette déesse était largement répandu en Grèce, et encore plus en Crète. Son nom, non indo-européen, pourrait venir directement de l’ancienne langue minoenne.

 

 

Les cavernes-utérus de la Déesse et de son fils divin

Les stalactites et stalagmites semblent avoir eu une influence sur le culte dans certaines grottes. Ceci est particulièrement clair dans la grotte de la déesse des accouchements, Ilithyie, à l’est d’Héraklion, où un stalagmite, avec un autre beaucoup plus petit à ses côtés, furent apparemment interprétés comme des images de la déesse mère et de l’enfant divin. La qualité des vases offerts permet de supposer qu’Ilithyie était principalement une déesse adorée par les pauvres. Le culte fut poursuivi jusqu’au temps helléniques, d’où la mention de la grotte et de sa déesse dans Homère et d’autres sources grecques. La grotte de Psychro était probablement par la suite la grotte du mont Diktè des Grecs, où l’on croyait que la déesse Rhéa avait donné naissance au Jeune Dieu (ou Zeus). Des tables à offrandes, des figurines, des miniatures d’animaux étaient offerts à la place de sacrifices vivants on y offrait aussi des outils, des armes et des doubles haches en bronze.

La matrice de Zeus

La Grotte de Psychro, Grotte ou antre du Dikté, est une grotte de Crète, en Grèce. Située à 1025 mètres d’altitude, elle est considérée comme le lieu de naissance de Zeus. Selon Hésiode, Rhéa mit au monde Zeus dans une caverne du mont Égée, près de Lyttos. La grotte du Dikté est connue dans la mythologie grecque comme le lieu où Amalthée, nourrit Zeus, caché dans cette grotte par sa mère Rhéa pour le protéger contre son père Chronos.

 

Fruits, miels, vins et danses pour la Déesse

L’offrande de nourriture et de boisson à la divinité constitue l’acte principal d’adoration. Dans des tablettes en linéaire B de Knossos sont mentionnées des offrandes de miel à la déesse des accouchements Ilithyia et à d’autres divinités. Le miel étant peut-être destiné à apaiser les douleurs de l’accouchement. Sur un fragment d’un vase en pierre de Knossos, on voit un jeune arriver au sommet d’une montagne. Il place une corbeille de fruits devant le sanctuaire. En plus du miel et des fruits, une autre offrande devait être le vin. La danse était sûrement une autre manifestation du culte. À Phaistos, une frise des temps protopalatiaux montre une déesse tenant des fleurs entre deux danseuses

Déesse de guerre et déesse de paix

Spyridon Marinatos découvrit une grotte sacrée sur une colline basse près d’Arkalochori. Celle-ci échappa aux pillages car elle s’était effondrée dans l’antiquité. Une série de double haches, des petites haches votives en or et quelques très longues épées en bronze prouvent que la déesse était adorée en cet endroit sous son aspect guerrier, contrairement à la grotte de la pacifique d’Eileithyia. Le culte dans les cavernes se poursuivit jusqu’à la fin de l’antiquité, lorsque la déesse minoenne fut remplacée par de nouvelles divinités.

Déesse céleste et déesse chthonienne

À Gournia ont été découvertes des statuettes avec des serpents enroulés autour des bras, et un morceau de bras tenant une épée et enlacé d’un serpent. Une statuette de Gortyne tient des serpents dans ses mains tandis qu’un oiseau est perché sur son épaule. Ceci aurait tendance à montrer comme peu vraisemblable l’idée de deux déesses séparées, l’une céleste accompagnée de colombes, l’autre souterraine assistée de serpents.

Les déesses gréco-romaines héritières de Cnossos

Plusieurs des emblèmes de la déesse mère furent associés plus tard aux déesses de la Grèce classique. Athéna hérita des serpents et des qualités martiales,Ilithyie des accouchements, Artémis des bêtes sauvages, Aphrodite des colombes, et Déméter des pavots. On retrouve les lions dans le culte de Cybèle, en Asie mineure, et dans l’ensemble on peut dire qu’il existe une grande affinité entre la déesse minoenne et les puissantes divinités féminines d’Asie mineure. La phrygienne Cybèle, la mère d’Idè, Ma la mère d’Attis, et l’Artémis d’Éphèse sont bien connues aux époques grecque et romaine mais on trouve des cultes semblables en des temps beaucoup plus reculés.

L’avènement des dieux olympiens aryens

Selon Diodore de Sicile, la Crète a exporté ses dieux dans toutes les parties du monde. Les dieux de l’Olympe (Zeus, Poséidon, Apollon…) semblent étrangers au petit panthéon de la religion minoenne, dominé par les divinités féminines. Pourtant ces dieux indo-européens furent dans certains cas assimilés à des dieux plus anciens : ainsi en Crète, Zeus fut identifié au Jeune dieu et appelé Kouros (jeune garçon) et Zeus Velchanos. On croyait qu’il naissait et mourait tous les ans. D’autres enfants divins, survivants de la religion préhellénique, étaient Linos,Ploutos ou Érichtonios et Dionysos.

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Les mystères d’Eleusis, un enseignement publique en Crète

Selon Homère, Déméter arrive en Grèce en provenance de Crète. Déméter est supposée avoir été étreinte par Iasion dans un champ labouré. Cette union est à mettre en relation avec le cycle de la végétation, si présent dans la religion minoenne. Diodore de Sicile écrit même que les mystères d’Éleusis sont originaires de Crète et que les mystères étaient enseignés publiquement à Knossos, où ailleurs ils étaient enseignés en secret. Lorsque Diodore déclare que l’on retrouve les dieux crétois dans le reste du monde, il prend l’exemple de Déméter, dont le culte part de Crète pour passer en Attique, avant d’atteindre la Sicile puis l’Égypte.

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Quand Troie fut matriarcale

Troie est une ville mythique mais elle a probablement existé et des fouilles « l’attestent », il en va de même pour le labyrinthe du roi Minos. Sir Arthur Evans a fouillé les environs d’Heraklion, il a trouvé un palais dont les couloirs et les structures étaient si étendus qu’on pouvait parler de labyrinthe. Arthur Evans trouve surtout, à des couches très profondes, des statuettes similaires à celles trouvées par Schliemann dans les couches les plus profondes de Troie. Nous sommes au niveau du néolithique. Les statuettes sont des mères, aux hanches généreuses, à la poitrine nue et aux bras levés…. Stade antérieur de la déesse Démeter.

« La lecture et l’interprétation de tous ces témoignages, des tablettes de Thèbes aux statuettes provenant du Dépôt du Temple du palais de Cnossos, aux déesses aux bras levés de Gazi et d’ailleurs, nous permettent de croire que les habitants de l’Égée ont vénéré très tôt une divinité tutélaire, Mère Terre, à laquelle étaient associées diverses catégoriesd’animaux comme les serpents, les porcs ou les oiseaux. Le culte voué à cette déesse ne subit sans doute pas de transformations profondes au moment où les Mycéniens s’installent en Crète et en Égée. De ce point devue la continuité entre religion minoenne et religion mycénienne paraît évidente. » – Louis Godart « la Terre mère et le monde égéen »