Matriarcat et judaïsme : de Lilith, la déesse-mère des hébreux, à Baal-Moloch, le dieu-père sacrificiel

Le judaïsme est une tradition définissant à la fois la culture religieuse et le mode de vie des Juifs, constitué des descendants des Israélites provenant de l’antique terre d’Israël et des quelques minorités les ayant rejoints par la conversion et s’étant mélangées à eux au fil de leur diaspora. Le judaïsme comporte des éléments religieux mais ne s’y limite pas puisqu’il contient, outre ses codes de conduite, des lois, des rites, et des coutumes non spécifiquement religieuses.

Une ère matriarcale chez les hébreux ?

Le calendrier hébraïque commence en 3761 av – JC, date de la création du monde dans la Génèse biblique, qui coïncide avec l’avènement approximatif du patriarcat au moyen-orient. En lisant entre les lignes de la Genèse, il est évident qu’à l’époque d’Abraham (2100 av. J.-.C. selon certains spécialistes) les femmes jouissaient encore d’une certaine indépendance. Elles avaient le droit de posséder des biens. C’est Sara qui obligea Abraham, alors que cela lui déplaisait fort, à se séparer d’Agar et d’Ismaël lorsqu’elle mit au monde Isaac (Genèse 21, 11). Agar, une esclave égyptienne, est mère d’Ismaël, un enfant que Sarah, qui est jusqu’alors stérile, suggère à Abraham d’avoir de sa servante, qui comme l’épouse, sert alors de mère porteuse.

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Le judaïsme, une religion matrilinéaire ? On a coutume de dire que la religion judaïque est matriarcale, parce que la judéité se transmettrai par le sang maternel. Qu’en est-il réellement de cette légende urbaine ? Qu’en pensent les rabbins ? La question est plus complexe… ——————————————————————————————————–
Lilith-Elat, première épouse d’Adam, femme libérée. Eve ne fut pas la première femme. D’après le Talmud, Lilith l’a précédée, mais fut répudiée et jetée du Jardin d’Eden pour insoumission à son mari. Crée en même temps qu’Adam, de la même argile, à l’image d’un dieu androgyne, celle qui était le souvenir de l’ancienne déesse fut diabolisée en démone de la luxure. ——————————————————————————————————–
Ashérah, déesse-mère des hébreux, épouse de Baal-Yahvé. Yahvé, de son premier nom Baal, eut une épouse. Avant d’être épousée de force, Ashérah régna seule sur le monde sémitique, avant d’être détrônée par son époux, et cachée sous la forme de la « Main de Myriam », ou le célèbre chandelier à sept branches. Le Saint Esprit est une mère. ——————————————————————————————————–

La femme exclue du divin

« Sois béni, Seigneur notre Dieu, Roi de l’Univers, qui ne m’as pas fait femme », une des prières que tout bon juif doit prononcer chaque matin.

Le monothéisme biblique a souvent été présenté comme un « progrès » par rapport à l’animisme puis au polythéisme, une forme de rationalisation dans l’irrationnel. Curieuse appréciation. Sur l’histoire longue, l’innovation hébraïque s’analyse surtout comme une radicalisation patriarcale dans l’infériorisation de la femme, par son exclusion totale du divin, exclusion actée par une circoncision purement masculine scellant l’alliance pour la fécondité paternelle. Ce moment de radicalisation patriarcale et de dévalorisation de la femme que représente l’Ancien Testament est bien résumé par l’obligation pour l’homme, et l’interdiction pour la femme, d’étudier la Torah.

« À dater de Moïse les lois lévites exigent que toute femme soit vierge jusqu’au mariage sous peine de lapidation, et qu’une fois mariée, elle soit fidèle également sous peine de mort. » Françoise Gange.

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Origine de la circoncisionAfin de diaboliser le sang féminin, et sanctifier le sang masculin, afin de marquer par la douleur le péché de la chair, c’est pour ces raisons qu’ont été institués ces pratiques « barbares », de la bouche même des rabbins.
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