Une famille moderne : la double autorité parentale ? Mariage ou liberté, il faut choisir

Liberté sexuelle et fin du patriarcat

La famille, et son fondement, la sexualité, sont au cœur des grands débats sur les mutations accélérées de notre société moderne mondialisée. L’époque que nous vivons est marquée par le déclin du patriarcat. Quelles sont les conséquences de la liberté sexuelle, et en quoi crée-t-elle une dissolution de la famille conjugale ? Le modèle familial de notre époque n’est pas tout à fait patriarcal, puisqu’il ne repose pas sur une réglementation des rapports sexuels.

Lire : Disparition du mariage et de la paternité : quand l’émancipation des femmes détruit la famille conjugale

Liberté et couple, le duo impossible ?

Les tests ADN de paternité, une solution ?

Beaucoup pensent à tort que ces analyses vont résoudre le problème de la certitude de la paternité de l’enfant (patriarcat), tout en préservant la liberté (sexuelle) des femmes. Le résultat sera l’inverse : ça sera désormais pour garantir les bons résultats de ce test ADN que la sexualité des femmes, mais aussi celle des hommes (à quand la burka pour hommes ?), sera de nouveau fliquée. Et quel meilleur moyen pour fliquer la sexualité que le mariage et la police des mœurs ?

Couple et liberté, le duo impossible ?

Les matriciens veulent avant tout faire le constat de l’incompatibilité de la famille basée sur le couple, et de la liberté sexuelle. Seule l’instauration de la charia ou d’une quelconque police des mœurs rendraient possibles un retour au patriarcat. Évidement pour les matriciens, il n’en est pas question. C’est pourquoi le Mouvement Matricien propose une alternative sérieuse et réalisable, qui est à l’oeuvre dans le Projet Prométhée.

De la puissance paternelle à l’autorité parentale conjointe

En droit français, l’autorité parentale est un ensemble de droits mais également de devoirs, que les parents ont à l’égard de leurs enfants mineurs. L’autorité parentale est mise en œuvre par la loi sous la forme de l’autorité parentale conjointe.

En 1970, elle a remplacé, en droit français, la « puissance paternelle » qui assurait l’exclusivité de l’autorité du père sur les enfants (l’autorité absolue du mari sur la femme s’appelait « puissance maritale »). L’« autorité parentale » consacre l’égalité des droits et devoirs du père et de la mère dans l’éducation des enfants. L’autorité paternelle continue d’exister dans de nombreux pays.

L’autorité parentale si elle semble naturelle dans nos sociétés actuelles n’est qu’une création récente et elle est absente de nombreux systèmes juridiques actuels. L’introduction de l’autorité parentale constitue la preuve de l’égalisation des devoirs du mari et de l’épouse.

Depuis le Code Civil dit Code Napoléon, ou Code civil français, instauré en 1804, sous l’égide de Jean-Jacques Régis de Cambacérès l’épouse avait dans la famille un rang guère plus enviable que ses enfants, en effet la femme était mineure (donc elle n’avait pas le droit de prendre par elle-même des décisions la concernant, et encore moins des décisions relatives aux enfants), subordonnée donc au « chef de famille ».

Cette notion disparait en France en 1970 : la loi dispose que désormais « les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille » : l’autorité parentale remplace la puissance paternelle.

La double autorité parentale : une utopie moderne destructrice

Au cœur de tous les divorces, l’autorité parentale conjointe est une utopie moderne qui ne date que de 1970. Auparavant, seul le père de famille (pater familias) avait des droits sur l’enfant. « L’enfant appartient au père et non à la mère, comme la pomme appartient au propriétaire et non au pommier. » – Code Napoléon de 1804 Entre le père et la mère, il va falloir trancher :

  • autorité paternelle unique (patriarcat) : abolir le droit des mères et des femmes
  • autorité maternelle unique (matriarcat) : abolir le droit des pères et donc, la reconnaissance de paternité.

Les opposants à la résidence alternée des enfants de divorcés

Le petit enfant n’a pas besoin de père

Selon la théorie psychanalytique, durant ses premières années de vie, l’enfant n’aurait besoin que de sa mère : depuis la vie intra-utérine jusqu’à l’allaitement, et l’enfant ne tisserait des liens étroits qu’avec sa mère. Selon les psychanalystes, l’enfant n’a pas, dans les premiers mois de son existence, conscience des limites de son corps ni de celui de sa mère. Par la suite, toute séparation brutale avec elle, entraînerait chez l’enfant des troubles graves comme l’anxiété de séparation (exemple : la circoncision juive au 8ème jour). Dans un texte qu’il destine à l’usage des professionnels, le psychanalyste Maurice Berger affirme faire un point sur les connaissances en matière de « garde alternée » pour les bébés. Il estime que selon la théorie de l’attachement, il se passe environ deux ans et demi à trois ans avant qu’un enfant puisse comprendre ce qu’est une filiation, c’est à dire qu’il a été conçu ou adopté par un couple d’homme et de femme.

Les hommes ne doivent pas s’occuper des bébés

C’est au stade phallique (vers 4 ans) que l’enfant prend conscience de l’existence de son père. Avant cette prise de conscience le père est vécu comme une mère auxiliaire. Françoise Dolto situe cette prise de conscience sur le père plutôt vers l’âge de 18 mois et dans son ouvrage Quand les parents se séparent, la psychanalyste explique qu’il est dans l’ordre des choses qu’un père ne s’occupe pas de son enfant bébé car ce n’est pas le rôle d’un homme. Selon elle, les hommes normalement virils, commencent à s’en occuper lorsque l’enfant atteint l’âge de la marche et les hommes qui s’occupent des bébés sont généralement marqués de féminité, pour ainsi dire, jaloux que ce soient les mères les porteuses.

L’égalité des sexes ne peut exister

Ils notent également que la loi méconnaît les différences biologiques et symboliques qui sépareraient les rôles respectifs du père et de la mère. Ces rôles se retrouvent aussi dans le partage des tâches au sein de la famille, les opposants à la résidence alternée arguent que dans la majorité des familles n’existe aucune égalité que ce soit pour les tâches ménagères, le temps passé auprès des enfants, et que dans la plupart des cas le soin aux enfants au sein de la famille revient à la mère.

Dissocier les 3 pères de l’enfant : géniteur, social, et fonctionnel

Dans une interview accordée à Femme Actuelle, le psychanalyste Aldo Naouri explique que tout enfant a trois pères : un père géniteur, un père social et un père fonctionnel. Dans le cadre des familles recomposées celui qui remplit la fonction de père est celui que la mère a élu, car c’est dans sa mère que l’enfant découvre son père. Selon Aldo Naouri, la fonction paternelle est une fonction atomisable. N’importe qui peut la remplir (un oncle, un professeur, un ami de la famille, une grand-mère même….) à partir du moment où la mère reconnaît à cette personne le droit de s’interposer entre elle et son enfant.

Disparition de la paternité, puis de la maternité

Les matriciens ne perçoivent pas d’un bon oeil le déclin de la famille caractéristique de notre époque. Ils craignent en effet que l’État supplante la famille et que les scénarios de science-fiction les plus obscurs ne se réalisent. En d’autres termes, le Mouvement Matricien ne veut pas du patriarcat, et il ne veut pas non plus d’une société totalement déshumanisée dans laquelle l’État et la machine contrôleraient tous les individus du genre humain, de la conception jusqu’à la mort.

Vers l’Etat-famille mondial, un projet antique

La suppression de la parenté, de toute organisation familiale et le culte de l’individu, conduiront à l’unification totale de l’humanité. Après le clan matriarcal, puis le clan patriarcal, et la famille nucléaire conjugale, place à la famille mono-parentale et à la disparition totale de toute forme de famille.

« Les femmes de nos gardiens seront communes toutes à tous ; aucune n’habitera en particulier avec aucun d’eux ; les enfants aussi seront communs, et le père ne connaîtra pas son fils, ni le fils son père (…) Quant aux enfants, à mesure qu’ils naîtront, ils seront remis à un comité constitué pour eux, qui sera composé d’hommes ou de femmes ou des deux sexes, puisque les fonctions publiques sont communes aux hommes et aux femmes. Ils conduiront les mères au bercail, quand leur sein sera gonflé, employant toute leur adresse à ce qu’aucune ne reconnaisse son enfant ; si les mères ne peuvent allaiter, ils amèneront d’autres femmes ayant du lait ; et même pour celles qui le peuvent, ils auront soin que l’allaitement ne dure que le temps voulu (…) Quand les femmes et les hommes auront passé l’âge de donner des enfants à la cité, nous laisserons, je pense aux hommes, la liberté de s’accoupler à qui ils voudront, hormis leur filles, leur mère (…) Nous donnerons la même liberté aux femmes (V461 c). Du jour où un guerrier se sera uni à une femme, il traitera les enfants qui naîtront et au dixième et au septième mois après, les mâles, de fils, les femelles, de filles (V 457d-V 461d). » – Platon, La République, Le livre V

Quelles alternatives au patriarcat moribond ?

C’est pourquoi nous pensons que l’accroissement des problèmes familiaux, engendrera de faite une société de plus en plus individualiste, sans solidarité, même patriarcale, et que la reproduction naturelle deviendra davantage contraignante pour le parent isolé à la charge des enfants. La famille recomposée est un échec, et la famille monoparentale pose des problèmes économiques évidents. Quelles sont les alternatives au patriarcat ? A priori, la société moderne n’en propose aucune, sinon l’isolement de tous dans des studios et maisons de retraite.

Aux origines de l’humanité

Face à l’atomisation de la société, une réaction conservatrice prétend un retour vers de soi-disant valeurs  »patriarcales ». Mais sais-t-on réellement de quoi on parle ? Patriarcat, matriarcat, liberté sexuelle… la véritable compréhension de ces notions, plus juridiques que sociologiques, nécessite l’exploration des divers systèmes de droit familial à travers le monde. Un voyage ethnologique aux origines de l’humanité s’impose, pour comprendre l’évolution du modèle familial, l’origine du mariage, de la morale sexuelle et du marché du sexe… C’est l’objet du Mouvement Matricien.

Une alternative d’avenir

« Sous le matriarcat émergeant, la famille sera considérée comme un amalgame de divers individus plutôt qu’un groupe social homogène. La notion de « famille » s’élargira pour inclure d’autres formes d’arrangements de vie, comme cela se produit déjà sous nos yeux de manière informelle. Nous allons assister à l’émergence de familles en rotation, lesquelles ne sont pas constituées d’un groupe stable, ayant des liens pour la vie, mais réunissant davantage une série d’individus – hommes et femmes – qui s’ajoutent ou se soustraient à l’unité familiale en perpétuelle transformation par nécessité, par intérêt ou par l’engagement affectif des couples, des individus ou des contraintes internes au groupe. Les cinq premières années de la vie adulte d’une jeune femme pourraient être vécues en présence de co-locataires des deux sexes ; les cinq années suivantes avec un compagnon de vie ; les cinq années suivantes avec un mari et un enfant ; puis les trois années suivantes avec des amies de femmes, et ainsi de suite. Ce modèle émerge déjà. Mais lorsqu’il s’étendra sur une plus vaste échelle, nous verrons la famille en rotation remplacer progressivement la famille nucléaire et devenir le nouveau statu quo. » – Nickles et Ashcraft, sociologues féministes