Matriarcat chrétien Adamite : naturisme libertin du jardin d’Eden perdu de la déesse-mère Isis

Adamites d’Amsterdam

Contre le mariage et le travail

Les Adamites sont un mouvement religieux situé dans les Flandres. Le mouvement religieux des adamites (ou adamiens) étaient inspirés par la nostalgie du Jardin d’Eden. Rattachés au christianisme, les Adamites tentaient d’imiter Adam avant la chute. Suivant l’amour libre, ils rejetaient le mariage de même que le travail et vivaient nus le plus souvent possible, dans une sorte d’état d’innocence originel. Le fond de leur proposition était que « l’homme doit être aussi heureux ici-bas qu’il sera un jour dans le ciel » (Tommaso Campanella, La Cité du Soleil, 1568).

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Nus et libertins

Voici la façon dont ces adamites sont décrits par Épiphane de Salamine sur le sujet :

Hommes et femmes se réunissaient (dit-il) aussi nus que s’ils sortaient du ventre de leur mère. C’est dans cet état qu’ils lisaient, priaient, enseignaient et pratiquaient les exercices…. Ils avaient pris l’habitude de se rassembler dans des maisons chaudes, de véritables fours, dans des endroits où ils pouvaient bénéficier d’une chaleur artificielle afin de chauffer leurs ardeurs naturelles…. Ils se mêlaient tous… hommes et femmes, et certaines se vantaient d’être vierges.

La nudité comme vérité et liberté

Assemblées nocturnes des adamites d’Amsterdam

Dans une autre source précédemment citée, l’Heresiography de Pagitt, les adamites se rassemblent dans des caves pour y allumer des feux et profiter de la chaleur — une certaine vision de l’enfer. Pagitt rapporte une anecdote où, sommés de s’expliquer devant un magistrat, les adamites seraient apparus dénudés en clamant « qu’ils ne sauraient porter de vêtements parce qu’ils étaient la vérité nue ». À une autre occasion, des adamites de sexe féminin auraient proclamé : « que tous ceux qui portent des vêtements, mais en particulier des bretelles, ne sont pas des hommes libres ». La femme devient un homme libre à l’instant où elle se dénude.

Rédemption Universelle, et égalité des sexes

Les adamites étaient de ces pseudo-sectes pourchassées par l’Eglise, dont les disciples alimentèrent les bûchers de la Sainte Inquisition. Leurs principaux tords furent de proclamer l’avènement d’une « Rédemption Universelle » (ou Apocatastase), de vouloir réintégrer les femmes, en tant qu’égales des hommes, comme aux origines… et au final, de vouloir se libérer du pouvoir ecclésiastique omnipotent du Saint Siège.

L’innocence sexuelle de l’humanité végétale

Un retour aux sources, héritage orphico-pythagoricien, de l’antique philosophie de la Nature, célébrant le culte à mystère de la Déesse-Mère, alias « Alma Mater », alias Isis, l’Égyptienne, formellement condamné par l’orthodoxie. Une véritable symbiose semble s’être opérée entre ces Adamites et la Nature, au point que nous pouvons parler d’une « humanité végétale », qui tendait à retrouver l’innocence sexuelle des végétaux. Nombre d’entre eux étaient végétariens, voir végétaliens…

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Théosophie archaïque de la déesse-mère

Le Jardin des délices de Jérome Bosch – 1503.

Certains pensent, que la peinture de Jérome Bosch, Le Jardin des délices, pourrait être une représentation de la mythologie adamite, car la secte des Frères du Libre-Esprit, suivant ses principes se développaient à, Bois-le-Duc, la ville où il résidait. Les adeptes furent souvent affublés du sobriquet de turlupins. Le Jardin des Délices, ou « La fête des métamorphoses », plante le décor naturel de cette théosophie archaïque de la déesse-mère.

La porte parole des turlupins

Les Écritures triomphant sur l’Hérésie, des femmes aux serpents, avec son foudre patriarcal divin, dans l’église Gustaf Vasakyrkan de Stockholm.

Jeanne (ou Pieroime) Daubenton, Daubentonne ou Dabentonne, est née à Paris au xive siècle et y a été brûlée vive en 1372. Elle se mêla à une bande de turlupins (nom d’une secte active du xiie au xive siècle) arrivés fraîchement à Paris, au milieu desquels elle joua un rôle des plus actifs. Devenue l’éloquente interprète de leur doctrine, elle se livra à la prédication, annonçant que :

  • l’idéal de la perfection chrétienne consiste à être pauvre et à aller (à-peu près) entièrement nu,
  • tous les devoirs religieux doivent se réduire à une simple oraison mentale, et enfin
  • pour les saints, (c’est-à-dire les adeptes de ses idées), il n’y a nul péché à satisfaire toutes ses passions et tous les désirs de ses sens.

Condamnée au supplice du feu, Jeanne Daubenton fut brûlée en place de Grève.

Pauvreté, nudité, et collectivisme

Elle formalisa donc le mode de vie des Turlupins en doctrine qu’elle propagea activement et cette doctrine se rattachait visiblement plus aux Cyniques et aux Adamites qu’aux Vaudois. En effet ce mouvement mettait en pratique :

  1. un dénuement complet,
  2. une totale nudité,
  3. un communisme total (communauté complète des femmes et des biens).

De fait, cette vie en communauté, s’apparenterait plutôt aujourd’hui au naturisme ou au nudisme teinté de communisme ou même de communautarisme.

Source : Grand Dictionnaire Universel (Larousse 1876).